Emilia est une mage plutôt défensive, elle n’aime pas le combat et préfère servir de support en utilisant ses talents de soins. Elle a longtemps été tenue à l'écart de l'enseignement à la magie par sa famille, malgré son potentiel en tant que mage, étant l'une des premières héritières depuis des générations à être née avec des circuits magiques performants, tout comme sa soeur.

Elle reste néanmoins assez faible par rapport à ses camarades, sur la théorie Emilia est une élève exemplaire, mais elle déteste la pratique de la magie, et refuse de se battre. Elle est vue par ceux qui l'entoure comme une lâche, et ne cesse d'être comparée à sa soeur aînée qui excelle dans presque tout les domaines.

La jeune fille se considère comme un piètre Master, non seulement ses réserves de mana sont très faibles, mais elle est inexpérimentée dans le domaine, n'ayant pas été préparée à l'éventualité d'un jour devoir invoquer un servant.

Healing Magecraft : S'il y a bien un domaine dans lequel Emilia est complètement à son aise et excelle presque, il s'agit bien du soin, considérant cette capacité comme étant l'une des plus importantes en tant que mage ainsi que Master. Quand cette affinité fut révélée, sa famille fit alors en sorte de focaliser son entraînement magique à parfaire ce don, cherchant à l'utiliser à différentes fins.
Sa maîtrise dans ce domaine est un reflet de sa personnalité, car elle préfère voir la magie comme un outil pour aider son prochain plutôt que la recherche de pouvoir et d'enrichissement personnel, sa vision de la magie est totalement altruiste. Si Emilia ne se démarque pas en combat, elle est un atout remarquable en mission en tant que support. Elle aurait même tendance à beaucoup trop épuiser ses circuits magiques afin de veiller à ce que tous ses camarades ainsi que leurs servants reviennent en un seul morceau, malgré l'insistance du Dr Romani à ce qu'elle se ménage.

Magic Resistance : Emilia présente une résistance impressionnante aux attaques magiques de toute sorte ainsi qu'à différents poisons. Elle peut parer de nombreuses attaques magique en dressant une barrière pour se protéger ainsi que pour protéger les servants qui l'entoure, et réduire l'influence des attaques magiques basées sur la manipulation de l'esprit. Combiné à sa capacité aux soins, celle ci lui permet de maintenir ses servants apte au combat le plus longtemps possible. Elle se retrouve néanmoins extrêmement vulnérable au combat au corps à corps ainsi qu'aux différentes armes, elle se tient souvent éloignée de la bataille car face à un servant offensif ou un mage ennemi doué au combat, elle ne pourrait pas faire face.

Counter Magic : Probablement la capacité la plus offensive qu'elle possède. Celle ci permet d'interrompre l'activité des circuits magiques de l'ennemi et l'immobiliser pendant un court laps de temps. Emilia utilise généralement ce sort quand elle est en position de faiblesse ou pour éviter d'avoir à combattre directement son ennemi. Ce sort ne reste pas actif très longtemps, lui donnant le temps de s'enfuir. Elle se sent toujours coupable d'utiliser ce sort à l'entraînement, ne sachant pas exactement ce que la personne visée ressent à ce moment.

Assassin Emiya: « In any case, I’ll fulfill my duty as a servant… That should be enough »

Ca ne devait pas être lui, elle avait pourtant tout calculé. Avec l’artefact qu’elle avait dérobé à sa sœur Morgane, elle était sûre de pouvoir invoquer un servant de classe Archer. Pourtant l’homme qui se tenait devant elle n’était pas un esprit héroïque, on ne pouvait même pas parler de personne honorable. Un servant distant et froid, calculateur et même méprisant, avec très peu de patience pour la jeune Master encore inexpérimentée. Les premières missions d’Emilia et d’Assassin furent catastrophiques, pour ne pas les appeler de cuisants échecs, qui renforcèrent le sentiment d’impuissance et d’inutilité que la jeune fille ressentait déjà constamment. Mais à force d’entraînement, de patience, et de compréhension mutuelle, le servant et sa Master réussirent à tisser des liens, bien que fragiles, et commencèrent à voir l’autre comme un allié plutôt qu’un poids, une responsabilité à assumer. Assassin ne pose pas de questions à Emilia sur son passé, elle même ne désire pas connaître les circonstances d’un servant si sombre. Parfois Emilia se confie à lui, manque d’interlocuteur, et Assassin écoute, sans un mot. Il lui arrive de partager ses rêves malgré eux, aussi douloureux soient-ils, à travers leur pacte. Elle aurait juré avoir entendu son véritable nom dans un songe, mais au réveil, elle se garde de poser trop de questions, Assassin étant toujours un peu plus distant ces matins la. Elle préfère parler de ses mésaventures à l’entraînement, et prétendre ignorer le léger sourire qui se dessine parfois sur les lèvres de l’homme.


Nursery Rhyme : « I wonder if it's weird for a book to fall for a human. No, it is not weird at all right? I mean, there are people who fell in love with stories after all. We are the best of couples, Master ! »

Les pactes entre Master et Servant sont souvent des affiliations stratégiques, motivées par les atouts de l'un ou de l'autre, le Servant jugeant ou non utile de s'associer avec un Master en particulier. Ne cherchant pas activement à se lier à d'autres servants, Emilia s'est tout de même vue créer un pacte avec l'enfant, majoritairement par affinité entre les deux êtres. En effet, Emilia par sa douceur et gentillesse à su tisser une amitié forte avec Alice, partageant souvent leurs repas, se contant des histoires ou jouant ensemble. La jeune Master voyait l'enfant comme une petite soeur qu'elle n'aurait jamais eue, une famille capable de lui donner l'affection qu'elle cherchait. C'est tout naturellement qu'elle accepta quand Alice lui proposa un pacte, pour qu'elles soient liées "pour toujours". Emilia ne sollicite que très peu Alice en mission, mais elles passent beaucoup de leur temps libre fourrées ensemble, la Servant préférant même dormir auprès d'Emilia que dans sa propre chambre.

Gawain : « I shall aid you, I vow it so. I will never fail this promise. Never. »

Ce pacte est un geste désespéré, une main fébrile tendue qui appelle à l'aide et une voix qui perce les ténèbres pour répondre à son appel. Un homme qui se dresse face au danger pour protéger sa nouvelle Master au péril de sa vie, qui lui jure fidélité. Gawain est en total opposition avec Assassin, tant dans son caractère que sa façon d'agir en mission. Toujours tendre et attentif, il est à l'écoute de sa Master et est prêt à se plier à toutes ses volontés, même les plus égoïstes. Emilia elle affectionne son servant même si elle ne se sent pas digne de diriger un tel esprit héroïque. Saber est d'une loyauté sans faille et Emilia n'en fait pas exception, il répond toujours présent à son appel, bien que n'étant rarement le premier choix d'Emilia. Elle aime tout de même partir en mission à ses côtés, ce qui suscite parfois une pointe de jalousie chez ses autres servants, bien qu'Assassin ne l'admettrait jamais.

D’aussi loin qu’elle se souvienne, le monde était froid. Les saisons défilaient, le soleil laissait tantôt sa place aux nuages mais le monde restait froid, sans couleurs ni sons, et les jours s’écoulaient affreusement lentement.

On dit souvent que les enfants sont perspicaces, loin de leurs imaginations enfantines débordantes, ils comprennent rapidement les situations dans lesquelles ils se trouvent, et ils savent décrypter les gestes et paroles des adultes bien plus facilement que l’on aimerait croire. Si bien qu’Emilia comprit très rapidement que sa mère ne la prendrait pas dans ses bras comme elle le souhaiterait, et que ses pleurs ne résulteraient qu’en des cris de la part de ses parents. Peut être qu’elle avait reçu de l’affection auparavant, mais sa mémoire d’enfant ne pouvait retrouver d’éventuels moments de bonheur partagés avec sa famille.

Comme tout enfant négligé qui ne reçoit pas suffisamment de contact physique de la part de ses parents, Emilia s'est petit à petit effacée, comme si elle s'efforçait de minimiser son existence. Ne pas se retrouver dans le chemin, ne pas faire trop de bruits, ne rien faire qui pourrait attirer l'attention de sa famille. Être la fille modèle sans jamais en récolter les lauriers. Devenir un fantôme dans sa propre maison était devenu son quotidien, sa raison de vivre, à défaut d'avoir tout autre ambition ou perspective d'avenir. Emilia se contentait simplement d'exister sans vraiment exister, de ne pas laisser de trace. Elle tenait ses pensées enfouies loin en elle, mais si elle en avait la possibilité, elle aurait préféré mourir silencieusement.

Les parents d'Emilia n'étaient pas des êtres nécessairement violents dans leurs actes ou paroles, mais l'indifférence est parfois la chose la plus brutale que l'on peut infliger à son propre enfant. La jeune fille souffrait de circonstances qu'elle n'aurait jamais pu choisir, être née cadette d'une famille de mages autrefois illustres et maintenant amenés à se terrer dans leur manoir de honte. Emilia ne réussit jamais à comprendre tout les détails qui entouraient cette déchéance, tout ce qu'elle savait c'est que les Bishop ne recevaient que très peu d'invités, que les courriers se faisaient rare, et que parfois son père allait s'enfermer dans son bureau et n'en sortait que quelques jours plus tard, éreinté, à bout de force, comme s'il tentait en vain d'invoquer des forces d'un autre monde.

La était l'autre tare dont Emilia avait hérité à sa naissance, ne pas posséder de circuits magiques performants. Une tragédie pour un enfant né dans une famille qui autrefois se démarquait des autres par leur incroyable maîtrise de la troisième magie. Emilia ne présentait aucunes qualités qui pourrait faire un jour d'elle une brillante mage capable de restaurer le nom de sa famille auprès de la Tour de l'Horloge. Ce rôle incombait à son aînée, Morgane, qui possédait toutes les qualités qu'Emilia ne présentait pas, mais dont le coeur était noirci par une rancoeur mal dirigée et une aversion pour tout ce qui est faible, sans défense. Longuement Emilia fut la cible de sa soeur, tantôt brimades enfantines, tantôt des violences physiques qui laissèrent des marques bien encrées sur son corps fragile.

Elle reçut tout de même une éducation presque similaire à celle de son aîné, elle fut formée sur l’histoire de la magie et la thaumaturgie, mais aussi sur l’histoire du monde, la science et la littérature. Emilia était une élève exemplaire en théorie, si elle n’était pas capable de maîtriser proprement la magie, l’histoire de la magie et ses grandes figures n’avaient aucun secret pour elle. Elle n’était pas particulièrement passionnée par son enseignement, quand certains auraient tout donné pour en savoir plus sur les mages, Emilia se mettait à rêver de voir le monde, d’explorer tout les continents et de découvrir si la vie ailleurs pouvait être un peu plus douce. La jeune fille ne connaissait que les murs qui entouraient leur domaine, les haies qui délimitaient leur jardin marquaient la limite de l’univers minuscule d’Emilia. Elle n’avait eu que très peu d’occasion pour se sortir de cette prison indivisible, les quelques rares moments où elle avait été autorisé a en sortir étaient encadré par sa mère et sa sœur, elle n’avait jamais eu la liberté de décider où aller.

Mais Emilia trouvait plaisir dans des choses simples, des choses ordinaires qui lui permettaient d’apporter un peu de chaleur à ses journées mornes. Parfois quand les livres ne lui offraient pas d’échappatoires suffisantes, la jeune fille aimait se recueillir dans le jardin que sa famille entretenait si bien. Les plantes la fascinait, il y en avait tant aussi diverses en formes et en couleur, elles attisaient la curiosité naissante de l’enfant qui venait à se demander si le monde abondait aussi de ses couleurs et odeurs. Les fleurs lui rappelaient aussi sa propre existence, car elles poussaient en silence, immobiles, incapables de se déraciner et vouées à rester à leur place jusqu’à ce qu’elles se flétrissent et deviennent poussières. Mais à l’instar d’Emilia ses fleurs était colorées de teintes chatoyantes, elles se balançaient au rythme du vent, elles avaient beau ne servir aucun but, elles se contentaient d’exister en étant magnifiques. Parfois savoir cela apaisait son cœur, parfois cela l’assombrissait d’avantage.

Puit vint ce jour, sans prévenir, semblable à tout les autres jours. Ce jour qui chamboula l’existence d’Emilia. Celui où au cours d’un entraînement à la magie que sa mère lui avait autorisé, Emilia se découvrit un don. Une affinité plutôt car sa maîtrise était encore bien primaire, mais la jeune fille se révéla capable d’utiliser une magie de soin dans une tentative désespérée de soigner une pauvre pie qui s’était faite attaquée plus tôt. L’animal tantôt blessé retrouva dans les mains frêles de la jeune mage son état d’antan et pris son envol dès que sa blessure fut guérie. Quand la panique laissa enfin place à la fascination, Emilia pris amplement conscience de son geste. Malgré ses faibles circuits magiques, la jeune fille possédait en elle, bien que cachée , la capacité de maîtriser une certaine forme de magie. Ses yeux plein d’excitation cherchèrent en ceux de sa mère une expression similaire, mais elle se heurta à un sentiment bien différent et inattendu. Si Emilia s’imaginait pouvoir user de ce don avec toute la bienveillance dont elle saurait faire preuve, sa génitrice y vit tout de suite une opportunité.

La première fois qu’on lui parla de la guerre, Emilia sentit son être fragile entier trembler, comme si quelque chose en elle lui hurlait « Pars, ne reste pas là ». Mais Emilia resta immobile et elle écouta en silence comme elle avait appris à le faire. Voilà donc comment les mages usaient de leur savoir; pour se battre. La célèbre guerre dont elle avait entendu parler au détour d’un couloir entre deux chuchotements prenait vie devant elle. Et la coupe sacrée du Graal semblable à tout ces artefacts mystérieux et imaginaires qui illustrent ses romans favoris n’était plus juste un mythe, mais une réalité presque palpable. Une terrible réalité qui ne lui causerait que plus de souffrance, elle le savait.

A la façon dont on apprend à un enfant que le père Noël n'est qu’une invention destinée à le berner, Emilia fut confrontée à la réalité de sa situation, et à la véritable face du monde qu’elle habitait. Bien sûr il ne serait jamais question qu’elle prenne part à cette fameuse bataille, elle n’en était absolument pas digne. Morgane elle, qui était si brillante et si respectée à la Tour de l’Horloge aurait sûrement l’honneur d’un jour en faire partie. Il le fallait, le nom des Bishop en dépendait. Quelle tristesse de placer ses espoirs dans une guerre, se disait Emilia. S'il fallait écraser d'autres personnes pour la gloire et la reconnaissance, ainsi la promesse d'un voeu exaucé, alors peut être que la magie n'était pas une si bonne chose. Peut être qu'à son tour elle était en train d'emprunter le même chemin triste et solitaire que le reste de sa famille. Peut être qu'Emilia était vouée à devenir ce qu'elle redoutait le plus.

Ces pensées la glaçaient, le rappel froid et assourdissant qu'elle ne contrôlait pas son propre destin. Elle voulait se défaire de ces engrenages maudits, il le fallait. Qui sait ce qui adviendrait d'elle le jour où elle ne pourrait plus se rendre utile à sa famille. On se débarrasserait sûrement d'elle comme on arrache les mauvaises herbes qui ternissent les parterres de fleurs. On la jetterai sans un regard en arrière et on oublierait son existence. Et Emilia était terrifiée à l'idée de disparaître sans avoir pu se débattre. Elle se projetait vers ses fleurs qui n'avaient pas survécu à l'hiver et que l'on avait remplacées par de nouvelles graines dès les premier rayon de soleil du printemps. Même elle ne se souvenait plus comment le soleil se reflétait sur leurs pétales ou quel parfum elles dégageaient, elles n'étaient même plus un souvenir vague. Il n'y avait que le néant qui attendait ses pauvres plantes qui ne vivaient que pour attendre la mort, et Emilia était forcée de faire face à cette abîme, faire face à ce vide et elle y plongeait la tête la première. Si elle devait mourir, ce serait de sa propre volonté, pas de la main de quelqu'un d'autre. Elle ne se laisserait pas faner, elle devait se déraciner.

Emilia s'engagea alors dans une course contre son destin, chaque jour n'était plus seulement ponctué par le même ton monotone, quelque chose grandissait en elle petit à petit. La volonté de faire plus, d'échapper à son sort, devenait la raison principale qui la poussait à sortir de lit le matin. Mais elle n'avait aucun plan, aucune idée de quoi faire ni même d'où aller. Après tout elle ne connaissait rien du monde, ses rares excursions dans le monde extérieur n'était pas suffisantes pour lui permettre de survivre seule. Elle n'avait ni ami ni contact, les rares domestiques avec qui elle avait tissé quelques liens fragiles s'était tous vu renvoyé les uns après les autres au fil des années quand il n'y avait enfin plus d'argent pour les payer. Emilia ne maîtrisait même pas assez la thaumaturgie pour espérer que cela lui soit utile face au monde. Il lui fallait une raison, une opportunité, n'importe quoi qui se présenterait à elle et qui lui permettrait de s'arracher de sa captivité.

Son salut lui fut apporté sur un plateau d'argent, le jour où Emilia était seule dans le grand manoir des Bishop, quand on lui apporta un courrier de la plus haute importance. Elle n'avait jamais vu la Tour de l'Horloge de ses propres yeux mais elle en connaissait l'importance, surtout aux yeux de sa soeur aînée. Alors quand elle réceptionna une invitation adressée à Morgane à rejoindre la prestigieuse mais très secrète organisation du nom de Chaldea, soudainement Emilia vit le monde s'accélérer autour d'elle. Le reste de sa famille était absent pendant plusieurs jours en déplacement elle ne savait où, elle devait passer encore quelques jours seule. Tout se mit enfin en place devant ses yeux. Elle avait enfin son échappatoire.

Elle n'avait que quelques jours pour se préparer, les documents qu'elle avait réceptionnés donnaient des instructions suffisamment claires pour qu'Emilia réussisse à les suivre malgré ses maigres connaissances. Plusieurs fois elle hésita, s'imaginant dans les pires situations possibles, tombant dans les mains de personnes mauvaises qui lui ferait du mal. Mais entre la souffrance qu'elle éprouvait à vivre entre ces murs et la possibilité d'un avenir détaché de sa famille, elle préférait tout risquer. Peut être qu'elle ne leur manquerait pas, c'en était même sûr. Vu le peu d'attention qu'ils portaient à leur propre fille, ils ne seraient sûrement pas inquiet et ne la poursuivrait pas. Elle ne pouvait tout de même pas risquer d'attendre jusqu'à leur retour. Le moment ou ils apprendraient qu'elle avait dérobé l'invitation de sa précieuse soeur, ils remueraient sûrement ciel et terre pour la retrouver et la punir en bonne et due forme pour sa trahison. Tant pis, elle devrait faire ce pari extrêmement risqué.

Le jour où Emilia s'enfuit enfin de chez elle, il pleuvait des trombes d'eau. Les rues aux alentours étaient presque désertes et la jeune mage ne se retourna qu'une seule fois, pour être sûre que son ancienne demeure se tenait bien derrière elle et s'assurer qu'elle avait réussi sa première étape. Elle avait fait ses adieux silencieux à son jardin, à ses livres, et avec un léger pincement de coeur à sa chambre. Commença alors un long et dangereux voyage vers ce qu'elle espérait être sa liberté loin de tout. Les jours s'écoulèrent presque trop rapidement et Emilia craignait le pire dès qu'elle arrivait dans une nouvelle ville, qu'une nouvelle personne lui adressait la parole. Elle avait commis un crime après tout, en volant les papiers de sa soeur et en dérobant à ses parents de l'argent qu'ils gardaient précieusement à l'abris. Si on la dénonçait, elle n'avait pas de solution de secours, elle devrait soit faire face à sa famille, soit se donner la mort.

Elle arriva enfin au point de rendez vous qui lui avait été donné, la peur au ventre. Il y avait forcément quelque chose qui clochait si elle avait réussi à en arriver la sans encombres, l'Association des Mages ne serait pas bernée par son histoire. Ou peut être qu'on l'avait déjà repérée et qu'elle était mise à l'épreuve depuis le début. Emilia se perdait à s'imaginer que l'invitation lui était en fait destinée; elle se ravisait rapidement. Après tout c'était bien le nom de Morgane qui figurait sur cette lettre, elle devrait donc improviser. Serait-on clément avec elle en apprenant son mensonge éhonté? Elle n'avait pas le choix, il fallait essayer. Elle avait trop voyagé pour reculer maintenant, on l'escorta enfin vers sa destination finale qui ne lui avait pas été révélée. Emilia ne savait même pas où exactement elle se rendait mais une chose était sûre, si sa famille se mettait à sa recherche, il leur serait difficile de la retrouver rapidement.

La jeune directrice était perspicace, bien plus mature que son apparence pouvait laisser présager. Elle avait percé Emilia à jour, elle en avait la conviction. Quand lors de son entretien elle se présenta en tant qu'Emilia Bishop, la jeune Animusphere leva un sourcil, impassible, et examina son dossier avec minutie. Emilia était parée à toute éventualité, à supplier la jeune femme de l'épargner, à lui promettre qu'elle serait tout aussi capable que sa soeur- bien qu'elle ne le serait pas-, qu'elle serait invisible. Elle était même prête à lui implorer de ne pas la dénoncer, à simplement la laisser mourir dehors dans le froid plutôt que de la ramener chez elle. Mais au lieu de ça la directrice s'adressa à elle d'un ton sec pour lui expliquer ou elle devait se rendre et à quelle heure se tiendrait la réunion.

Emilia se retrouva alors dans un couloir froid et silencieux, semblable à ceux de son ancienne demeure. Mais à l'instar du manoir des Bishop il n'y avait aucune fenêtre et tout était absolument impeccable, blanc immaculé comme dans un rêve. La jeune fille ne se souvint pas comment elle se retrouva face à sa chambre, ni qui lui avait donné le papier qui se trouvait dans ses mains avec un plan exhaustif des lieux, mais quand la porte de la petite pièce se referma derrière elle, les sanglots éclatèrent sans attendre. Elle avait réussi, elle avait tout bravé, bien plus qu'elle ne se pensait capable et elle avait réussi à fuir sa petite prison poussiéreuse. Elle ne mesurait absolument pas ce qui l'attendait, ni tout ce qu'elle allait endurer par la suite. Mais pour la première fois de sa vie elle avait réussi à accomplir quelque chose par sa propre volonté. Elle se jura de se trouver un but, une utilité. A partir de maintenant, elle ne serait plus inutile, plus impassible. A présent, elle déciderait.